Suivre le courant : les courants océaniques en mer Méditerranée

La Méditerranée est l'une des destinations les plus prisées par les marins pour sortir leur bateau et affronter les éléments, ou pour se mesurer à d'autres marins dans l'une des nombreuses régates. Que vous soyez un marin de loisir ou de compétition, vous devez avoir une connaissance de base de tout ce qui affecte votre navigation. Cela signifie que vous devez être capable delire les nuages et de prédire le temps qu'il fera, de savoir quels types de vents soufflent dans la région à différents moments et de comprendre les courants océaniques et leur incidence sur la navigation. Ces courants peuvent aussi bien être un obstacle qu'une aide précieuse. Lisez la suite pour savoir comment les utiliser à votre avantage.

Un courant océanique est essentiellement une grande masse d'eau de mer qui se déplace continuellement en raison de diverses forces qui agissent sur elle. Il s'agit d'un cycle constant de mouvements verticaux et horizontaux des masses d'eau dans les océans et les mers. Les vents à la surface de la mer, les différences de pression dans l'eau à différentes profondeurs et les forces de marée de la lune et du soleil contribuent tous à la formation des courants océaniques. Leur direction est ensuite déterminée par la rotation de la terre et les vents périodiques.

La mer Méditerranée pourrait être considérée comme un très grand lac, car elle est entourée de terre de tous côtés et n'est reliée à l'océan Atlantique que par l'étroit détroit de Gibraltar. Si nous énumérons tous les pays par ordre alphabétique, la mer Méditerranée baigne les rivages de l'Albanie, de l'Algérie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Croatie, de l'Égypte, de la France, de la Grèce, de l'Italie, de, d'Israël, du Liban, de la Libye, de Malte (État insulaire), de Monaco, du Monténégro, du Maroc, de la Slovénie, de l'Espagne, de la Syrie et de la Turquie. Il n'est pas surprenant que la mer Méditerranée soit également connue comme le pont entre les trois continents et, avec une superficie d'environ 2 500 km², elle traverse l'Afrique, l'Asie et l'Europe.

En Méditerranée, vous ne rencontrez généralement pas de courants puissants et beaucoup sont faibles ou négligeables. Cela est principalement dû à la situation continentale et au climat. Comme la Méditerranée bénéficie d'un temps chaud ou doux pendant une grande partie de l'année, l'eau a tendance à s'évaporer. L'abaissement du niveau de l'eau entraîne alors l'afflux d'eau dans les couches supérieures en provenance de l'océan Atlantique et de la mer Noire. À l'inverse, à de plus grandes profondeurs, où l'eau est plus salée, le processus fonctionne en sens inverse : l'eau salée s'écoule dans l'océan Atlantique et la mer Noire. Des courants peuvent donc circuler de l'Atlantique et de la mer Noire vers la Méditerranée ou vice versa.

Vous pouvez facilement vous en rendre compte en observant la température de la mer. En général, la mer est plus froide et plus fraîche à l'ouest et se réchauffe vers l'est. Lorsqu'il fait plus chaud et que l'eau s'évapore, on peut s'attendre à un courant de surface vers la Méditerranée et vice versa. Les courants en Méditerranée suivent donc ce flux entrant et sortant, sont dirigés par les côtes du continent et des îles, et sont les plus influencés par les vents typiques de la Méditerranée. Les détroits entre les îles ou entre les îles et le continent peuvent également, comme dans le cas des vents, agir comme une buse et renforcer considérablement le courant.

Les marées ne sont pas très fortes en Méditerranée, même si, bien sûr, tout dépend de la période de l'année et du vent spécifique qui souffle. Dans les conditions habituelles, le niveau de la mer varie de quelques centimètres à marée basse et d' un maximum d'environ un mètre à marée haute. Il y a bien sûr des exceptions, où la marée, associée à la houle poussée par la mer vers le littoral, peut faire monter le niveau jusqu'à 4 mètres (typiquement en Corse du Nord ou dans le détroit de Gênes). Comme pour les courants, les détroits et les canaux étroits peuvent amplifier la marée. Enfin, la période de l'année joue également un rôle, la Méditerranée étant plus agitée pendant les mois d'hiver, avec des vagues plus importantes et des courants plus forts.

À première vue, il peut sembler que déterminer la température de l'eau n'a rien de sorcier. Soit le temps est chaud et ensoleillé et l'eau est chaude, soit il est nuageux et frais et l'eau est froide. En réalité, ce n'est pas si simple, la température de la mer étant affectée par divers facteurs. Pour commencer, la température est influencée par des éléments qui ne fluctuent pas de manière significative dans le temps, comme le relief ou la profondeur des fonds marins. Ensuite, il y a les variables qui varient tout le temps. Il s'agit principalement de la quantité de rayonnement solaire, des courants et des fluctuations de pression à différentes profondeurs d'eau (gradient de température). Les variations de la température de la mer peuvent donc nous en apprendre beaucoup sur les courants.

Imaginons le scénario suivant : vous naviguez par beau temps, et le premier demi-mètre d'eau sous la surface est réchauffé par les rayons du soleil. Cependant, ils ne vont pas beaucoup plus loin, de sorte que l'eau est nettement plus froide à 10 ou 20 mètres de profondeur (cinq degrés Celsius ou plus). Ces différences de température entraînent la convection, un mouvement vertical ascendant qui tente d'égaliser ou de réduire les différences de température. C'est alors que se crée un courant vertical.

En général, au sud de la Méditerranée, les courants circulent d'ouest en est, au nord ils circulent d'est en ouest, et au milieu de la Méditerranée, les courants se déplacent dans des tourbillons qui peuvent atteindre des centaines de kilomètres de long. Par conséquent, un marin dispose de trois variables (rayonnement solaire, vent et courants) qui déterminent la température de la mer et à partir desquelles il peut estimer les courants.

Bien que les courants en Méditerranée ne soient pas très forts, la préparation à la navigation dans le courant repose généralement sur les épaules du navigateur ou du capitaine. À un endroit donné, la force et la direction du courant changent constamment, bien qu'ils reviennent périodiquement et se comportent de manière prévisible. C'est une bonne nouvelle pour le navigateur ou le capitaine, car ils peuvent prédire les courants en se basant sur des données historiques détaillées, des tableaux, des graphiques ou des cartes.

Avant de prendre la mer, il est conseillé de dresser une liste des données utiles, qui devrait comprendre des informations sur le tirant d'eau de votre bateau, les heures de marée prévues, la hauteur, la portée, la vitesse et la direction. Vérifiez comment le courant se comporte généralement là où votre itinéraire vous mène - notamment dans les bas-fonds, les entrées de marina, les caps, les estuaires, les bancs de sable, etc. N'oubliez pas d'inclure les prévisions météorologiques dans votre préparation et prévoyez un plan de secours en cas de mauvais temps. Avec toutes ces informations, vous serez en mesure de planifier précisément vos dates de départ et d'arrivée à la marina, de profiter des courants de marée pour réduire votre temps de trajet et d'éviter les dangers potentiels que les courants et les marées peuvent causer.

Naviguer dans un courant présente des caractéristiques uniques qui dépendent de l'endroit où vous naviguez, de la force du vent et de sa direction par rapport au courant. Bien que les courants en Méditerranée ne soient généralement pas très puissants, il vaut tout de même la peine d'étudier les cartes marines avant le départ, qui indiquent les courants habituels sur votre route, et de consulter des prévisions météorologiques détaillées. Une règle de base est que plus le vent est faible et les vagues petites, plus le courant, la marée ou la houle affecteront votre bateau. Sur l'eau, soyez à l'affût des bouées, des bateaux ancrés, des vagues déferlantes ou d'autres obstacles que le courant doit contourner pour avoir une idée de l'endroit où il circule, s'il déferle et de sa force. Le courant peut être à la fois votre ami et votre ennemi.

Vent réel, vent à la vitesse du bateau et vent apparent

La force du courant marin par rapport au vent et leur direction vont déterminer la configuration et l'assiette du bateau. Tout le principe repose sur le concept de vent réel, de vent de vitesse et de vent apparent. Le vent réel est le vent que nous mesurons en position stationnaire sur un anémomètre. Le vent induit (vent de vitesse du bateau) est la résistance que nous opposons à l'air lorsque nous nous déplaçons (par exemple, si vous vous déplacez à 30 km/h sans vent, le vent induit sera de 30 km/h). Le vent apparent est une combinaison de ces deux forces.

Levent apparent s'éloigne toujours plus de la proue du bateau, et le bateau change de vitesse en fonction du cap qu'il suit. Si vous ajoutez des vagues, où le fait de passer du sommet d'une vague à la pente entre les vagues donne littéralement un coup de pied au bateau, le vent de face change et le vent apparent aussi. Il s'agit d'une information importante, notamment pour les skippers qui utilisent le pilote automatique. Celui-ci ne détecte pas le vent réel, mais uniquement le vent apparent, et tente de changer de cap pour que le vent apparent souffle toujours de la même direction. Cela peut entraîner des manœuvres surprises désagréables, notamment lorsque vous naviguez avec un vent arrière et que le bateau empanne.

Quel voilier prendrez-vous pour aller à la rencontre du vent, des vagues et des courants ?